Restez Connecté:
HomefranceLa laïcité, quelle laïcité ?

La laïcité, quelle laïcité ?

« La laïcité c’est la France ! ». L’assertion de l’ancien Premier ministre Manuel Valls (à Alfortville, le 26 janvier 2017), fait directement écho à une représentation largement répandue, suivant laquelle la France – ou du moins la « République française » – et la laïcité entretiendraient une relation ontologique et spéciale. Or non seulement le principe de séparation des Eglises et de l’Etat n’est pas une « exception française », mais la laïcité de la République française ne relève pas de l’inné, mais d’un construit historico-juridique. Notre République n’est pas née laïque, elle l’est devenue.

La consécration du principe de séparation – à la fois organique, fonctionnelle et matérielle – des Églises et de l’État, sous sa forme juridique globale, ne date véritablement que de la loi du 9 décembre 1905. Adoptée dans un contexte conflictuel – les républicains eux-mêmes ne partageaient pas la même conception de la laïcité –, la loi est l’expression d’une solution transactionnelle : « L’État n’est ni religieux, ni antireligieux. Il est areligieux », selon la formule d’Aristide Briand. Si le mot « laïcité » n’apparaît pas dans la loi de 1905, la chose laïque transparaît à travers une loi qui est une « loi de séparation » (des Églises et de l’État), mais aussi une « loi de garantie » (des libertés de conscience et de culte) et une « loi de neutralité » (de l’État)  – même si cette dernière est inhérente à la première.

Malgré le cadre général ainsi posé, depuis la fin des années 1980, la confusion règne autour de la laïcité. La question s’est même imposée dans le débat public et l’agenda politique. Une irruption qui s’inscrit dans un contexte marqué par le pluralisme confessionnel accru de la société française et les tensions suscitées par la pratique/visibilité de l’Islam et l’organisation du culte musulman. Trente ans après l’affaire du « foulard islamique » des collégiennes de Creil (Oise), l’année a été rythmée par une nouvelle série de polémiques sur les mères voilées accompagnatrices de sorties scolaires, le port du « burkini » à la piscine, la commercialisation du « hijab de running » ou encore l’usage du terme « islamophobie ». Pour sortir de ces sempiternelles controverses, une révision de la Loi de 1905 et un « grand discours » du chef de l’État étaient annoncés. Ni l’une ni l’autre ne sont finalement venus ponctuer l’année. Au contraire, la prudence semble plus que jamais de mise, dès lors qu’il s’agit d’aborder l’un des traits de l’identité de notre État de droit républicain.

Véritable « passion française », pierre angulaire du pacte républicain, la laïcité est traversée par différents courants philosophiques et doctrinaux, parfois antagonistes… et inconciliables ou « irréconciliables » ?

 

Dans le cadre de « Place aux idées », Chronik et la Librairie Vrin organisent un débat animé par Charles Thibout

mercredi 11 décembre à 18h30, 6 Place de la Sorbonne

Avec :

  • Nicolas Cadène, Rapporteur général à l’Observatoire de la Laïcité
  • Martine Cerf, Secrétaire générale d’EGALE (Egalité, laïcité, Europe)

 

Nabli Béligh

Nabli Béligh

est universitaire et directeur de recherche à l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS). Après des études en droit à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne et à l’Institut Universitaire Européen (Florence), il a enseigné (de 2009 à 2017) les « Questions européennes » et les « Questions internationales » à Sciences Po Paris. Ses travaux et réflexions portent essentiellement sur des problématiques juridiques, politiques et institutionnelles françaises, européennes et méditerranéennes.
Nabli Béligh

Les derniers articles par Nabli Béligh (tout voir)

Written by

est universitaire et directeur de recherche à l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS). Après des études en droit à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne et à l’Institut Universitaire Européen (Florence), il a enseigné (de 2009 à 2017) les « Questions européennes » et les « Questions internationales » à Sciences Po Paris. Ses travaux et réflexions portent essentiellement sur des problématiques juridiques, politiques et institutionnelles françaises, européennes et méditerranéennes.

No comments

Sorry, the comment form is closed at this time.