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Un an après, le confinement

Un an après le premier confinement, nous avons eu une deuxième vague, puis, non pas une troisième, mais un long ressac qui nous ramène irrésistiblement en arrière, nous empêchant de prendre le large – loin de ce cauchemar sanitaire qui endeuille certains d’entre nous –, fracassant contre les récifs des parcours de vie.

Un an après ce que le premier personnage de l’Etat a qualifié improprement de « guerre », l’exécutif a marqué le pas sur une stratégie globale aussi improbable qu’instable et pétri d’injonctions contradictoires … hésitant sur :

– les masques,

– puis sur les tests,

– puis sur le re-confinement (ou pas),

– puis sur le couvre-feu à 20H, puis non, 18H …

– puis sur l’isolement des plus fragiles,

– puis sur la stratégie vaccinale,

– puis sur Astra Zeneca …

– puis sur …

– et puis …

Un an après, cet exécutif, aidé dans sa stratégie par une dizaine de sociétés de conseil privées afin de pallier sa dévitalisation en matière de gestion de crise, a fait dissoudre une commission d’enquête parlementaire qui aurait pu et dû faire la lumière sur bien des dysfonctionnements et des errements … et ce toute honte bue.

Un an après, ce gouvernement continue à prendre ses décisions au sein d’un conseil de défense restreint qui constituera, à ne pas en douter, un précieux, paravent face à d’éventuels poursuites judiciaires, laissant ainsi le soin aux seuls historiens de faire la lumière et la « justice » sur les responsabilités de chacun.e dans une gestion critiquable à bien des égards mais pas avant … quelques (dizaines d’) années.

Un an après, cette crise continue d’engendrer plus de victimes en France que dans 150 autres pays (près de 1 400 décès pour un million d’habitants, contre 33 pour la Corée du Sud) … attestant par-là l’incurie au plus niveau d’un l’Etat qui se repaît au fil des conférences de presse dans une forme d’autosatisfaction indécente alors que nous voguons depuis le premier confinement d’échec en échec.

Un an après, la France ne sait plus soigner. Le système hospitalier reste toujours dans le même état de délabrement… les personnels de santé sont à bout, les opérations repoussées sine die, et nos capacités hospitalières, qui n’ont augmenté qu’à la marge, continuent à conditionner nos vies quotidiennes.

Un an après, nos concitoyen.n.es continuent à être privé.e.s de culture et de sociabilité autre que virtuelles, invité.e.s à travailler et à consommer autant que faire se peut… alors que l’ouverture d’un cinéma, d’un musée, d’un théâtre, d’une terrasse … est possible pour peu qu’un socle minimum de précautions soit envisagé et appliqué.

Un an après, alors que nos vies privés et professionnelles sont bousculées, abimées, voire parfois irrémédiablement bouleversées, nous attendons des responsables nationaux un pragmatisme qui ne vient pas, une écoute des acteurs de terrain toujours absente à ce jour, une prise en compte des attentes des personnels de santé en première ligne et des premiers de corvées qui souhaitent une reconnaissance autre que verbale.

Un an après, alors que nous continuons à gloser sur le « jour d’après » qui ne vient pas, bon nombre de nos concitoyen.ne.s s’enlisent dans la pauvreté, à commencer par les plus jeunes, à qui, non seulement on a assombri l’avenir mais à qui, de surcroît, on refuse les moyens de subsistance les plus élémentaires (honte à cette majorité qui a repoussé la mise en œuvre d’un RSA jeune)… avec en prime, certains ministres et chroniqueurs qui se paient le luxe de lancer des polémiques aussi confuses qu’improbables, tel sur un supposé islamo-gauchisme qui menacerait de fracturer une société démocratique qu’eux-mêmes ne respectent pas…faisant le lit d’une extrême-droite désormais aux portes du pouvoir qui achèverait notre pacte républicain déjà altéré par les errances libérales.

Un an après, après avoir géré, avec d’autres, cette crise à l’échelle d’une ville, enduré l’amateurisme d’un pouvoir bouffi de satisfaction et atteint de cécité, fait preuve de résilience en ces temps troublés, de compréhension à l’égard des décideurs … un an après, je suis en colère.

Un an après …

 

 

  • Illustration : Le Radeau de La Méduse (1818 et 1819), Théodore Géricault.
William Leday

William Leday

est diplômé de Sciences Po Aix-en-Provence et titulaire d’un DEA en histoire. Ancien conseiller parlementaire, il est spécialisé en affaires stratégiques qu'il enseigne à Sciences-Po et en communication politique.
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est diplômé de Sciences Po Aix-en-Provence et titulaire d’un DEA en histoire. Ancien conseiller parlementaire, il est spécialisé en affaires stratégiques qu'il enseigne à Sciences-Po et en communication politique.

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