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HomeMondeEstonie : nouvelle percée d’un parti nationaliste en Europe ?

Estonie : nouvelle percée d’un parti nationaliste en Europe ?

 

Le dimanche 3 mars dernier se tenait des élections législatives en Estonie. Elles ont été marquées par la percée du parti nationaliste et europhobe EKRE. Jeune parti créé en 2012, il devrait avoir désormais 19 élus au Parlement estonien contre 12 obtenus aux élections législatives de 2015. Néanmoins, ce bon score ne devrait pas lui permettre d’entrer dans une coalition car le parti reste très isolé sur la scène politique nationale.

Le parti progresse notamment dans les zones rurales avec un discours anti-migration et eurosceptique. Il est à noter que l’EKRE est né de la fusion entre l’Union populaire estonienne (parti agrarien) et le Mouvement Patriotique Estonien.

Bien que l’EKRE s’inscrive dans un contexte national et géographique particulier, il s’inscrit également dans un contexte plus européen et mondial de progression des partis nationalistes. Ainsi, s’il est isolé à l’échelle nationale, il pourrait trouver des alliés dans le cadre des prochaines élections européennes.

Une situation économique excellente mais une démographie négative

L’Estonie comme l’Autriche, la Hongrie ou la Suède démontrent que les partis nationalistes et d’extrême droite progressent également dans les pays dans une bonne situation économique. En effet, le taux de chômage en Estonie était de 4,2% en décembre 2018 et le pays est relativement égalitaire. Néanmoins, la situation est très différente entre celle vécue dans la capitale et celles vécues dans d’autres régions sinistrées. De plus, la bonne situation économique laisse craindre à certains Estoniens une arrivée en masse de migrants alors même que le pays a été que très peu concerné par la crise migratoire de 2015/2016. Ainsi, même si peu de migrants sont arrivés en Estonie de ces régions-là, l’EKRE rejette la politique des quotas de l’Union européenne. De plus, l’immigration des autres pays slaves comme l’Ukraine est beaucoup plus crainte que celle des pays du Moyen-Orient et du Maghreb.

L’Estonie comme d’autres pays à l’Est de l’Europe connaît une démographie négative ce qui rend les populations de ces pays plus sensibles à la question migratoire avec la crainte de voir se matérialiser les théories du grand remplacement. Ainsi, il y a une véritable peur en Estonie de l’inconnu et de l’étranger ce qui peut expliquer la progression d’un parti comme l’EKRE. En outre, l’EKRE s’inscrit dans la rhétorique du slovaque Robert Fico ou du hongrois Viktor Orban sur les questions de migration. Ces derniers considèrent que l’accueil des migrants en masse par les pays occidentaux relèvent du « suicide ». Ainsi, il n’est pas concevable pour eux de remplacer dans les usines la main-d’œuvre manquante par des immigrés car ils considèrent qu’on ne peut pas réduire un homme à ses bras, il est porteur d’une culture qu’il défend.

Dans les discours de l’EKRE, nous retrouvons la construction d’un discours avec un ennemi qui est à la fois intérieur et extérieur. Il appelle les Estoniens à se prémunir contre cet ennemi qui est présenté comme un danger pour la Nation, son identité, sa culture et ses valeurs.

Rejet d’une société multiculturelle

L’Union européenne est remise en question car elle est vue comme une passoire et un danger pour la préservation des identités nationales. En outre, les élites sont également jugées responsables du délitement des identités. Le discours de l’EKRE répond à la révolution conservatrice en cours dans le monde entier et qui entend combattre le matérialisme et le multiculturalisme.

En outre, l’EKRE appelle à rétablir un État-nation fort face à l’Union européenne mais également face à la Russie qui, au regard de l’histoire du pays, est perçue comme une menace. Ainsi l’EKRE a promis de fermer les écoles russophones même si elles accueillent actuellement 20% de la population en âge d’être scolarisée actuellement.

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