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SYRIE : LES JEUX STRATEGIQUES ENTRE KURDES ET BACHAR Al-ASSAD

  • Par Ines Daif*, journaliste en reportage en Syrie.

En vue d’une reconstruction pérenne et d’une reconnaissance étatique aspirée, les territoires libérés du joug de Daech par les Kurdes dans un premier temps (YPG/YPJ), puis par les Forces démocratiques syriennes (1) doivent composer à partir des rapports -politiques, économiques, géostratégiques et militaires- souvent officieux, formés entre le gouvernement syrien de Bachar Al-Assad et les Kurdes Syriens du Rojava. Les interactions entretenues par les Kurdes avec les acteurs internationaux comme les membres de la coalition anti Daech menée par les américains qu’ils appuient au sol, et la présence Russe et iranienne ayant pris part aux hostilités des fronts syriens à des degrés assumés divergents, entrent aussi en jeu. L’exemple clé est Raqqa, l’ancienne capitale autoproclamée du califat. Dont le statut particulier et incertain depuis la libération permet de présager ce qui va se produire aussi à Deiz-El-Zor. Une zone récemment délivrée qui connaîtra des litiges identiques entre le Régime et les kurdes à propos de son contrôle. Et dont l’essence extrêmement clanique et tribale risque de rendre encore plus opaque les règlements des différends. En effet, Raqqa, anciennement sous le contrôle du régime de Bachar Al Assad puis de l’ASL, a connu une éviction de Daech en octobre 2017 conduite par les Forces démocratiques syriennes. Des cellules dormantes prospérant sont d’autant plus prégnantes. Cette ville majoritairement arabe est aujourd’hui considérée par le Conseil démocratique syrien, instance politique d’émanation kurde, comme faisant partie intégrante de la Fédération démocratique de la Syrie du nord (Rojava). Cet organe politique et décisionnel a initié en septembre sans vote direct de la population un gouvernement provisoire, appelé « conseil central », étendu en sus des cantons initiaux du Rojava à Raqqa, Tabqa et Deir-el-Zor. La consultation populaire est pourtant le fer de lance des fondements démocratiques du Rojava (2). L’entité comprendrait 77 représentants des différentes ethnies et religions de la mosaïque nord est syrien.

QUID DU RETRAIT AMERICAIN ?

Or, La décision de Donald Trump de décembre 2018 est sans appel. Le retrait des troupes américaines va laisser les kurdes esseulés face à leur projet « révolutionnaire démocratique » et aux hypothétiques attaques turques. Une question s’ouvre : Et si l’unique issue était un règlement en interne, entre Kurdes syriens, et syriens du régime ? C’est ce qu’a sous-entendu Salim Muslim, éminent dirigeant du Rojava, le 21 janvier, en affirmant que la porte était ouverte au dialogue avec le gouvernement syrien. Cette déclaration est survenue après la proposition américaine d’instauration d’une zone tampon sécuritaire dans le nord syrien, dont le contrôle a directement été réclamé par la Turquie. Ce que redoutent les kurdes, proposant une gérance Onusienne ou d’ordre internationale. Aldhar Khalil, haut dirigeant du Rojava confirme que la coalition, les russes et le régime ne souhaitent pas d’une gouvernance turque. Il affirme également que les kurdes n’ont pas débuté officiellement des négociations avec le régime alors qu’ils ont proposé son lancement et préparé les futures discussions avec la coordination et la garantie Russe. La Russie sera le médiateur assurant que Bachar Al-Assad protègera la zone et sauvegardera les acquis des kurdes depuis 2011. Pour Aldhar Khalil, les kurdes ne peuvent échapper à des négociations, et ne peuvent s’écarter actuellement du Régime. Auparavant, en novembre 2018, le sommet sur l’avenir de la Syrie à Istanbul, s’est déroulé sans la représentation de groupes politiques syriens, et sans aucune déclaration officielle sur celui de la fédération démocratique de la Syrie du nord (Rojava). Alors que la branche armée liguée à des milices arabes et assyriennes (Forces démocratiques syriennes) sur le point de délivrer le dernier bastion syrien, Baghuz, combat sans relâche Daech au côté de l’alliance occidentale. Au lendemain du sommet, des positions kurdes, proches de Kobane ont été pilonnées par les turcs. Sans commentaire de La France ou de l’Allemagne, présents à Istanbul, alors membres des forces internationales soutenues par les forces kurdes. Et nonobstant la menace grondante d’une importante offensive turque à leur encontre. De facto, ce n’est pas le premier coup d’essai d’Erdogan qui a déjà envahi un des trois cantons du Rojava, Afrin, en janvier dernier. Depuis l’invasion d’Afrin, dans la zone de Qamishli, des tunnels se construisent. Avec la fin de la territorialisation de Daech, les Kurdes échangent les armes contre des tractopelles. En vue de se protéger d’une éventuelle attaque turque. La porte-parole des YPJ concède, le 5 mars, avoir beaucoup appris des combats durant Afrin dans le domaine des tactiques militaires. Et les chefs armés ont mis en place à partir de l’analyse des 70 procédés d’attaques turques utilisés durant le siège d’Afrin des moyens de défenses. Les tunnels ont permis aux YPG/YPJ de résister 58 jours. Dans le canton de Qamishli, ils serviront à l’évacuation des civils et à la coordination d’une protection des forces armées, souligne Nesrin Abdullah.

En octobre, un activiste kurde syrien présageait déjà de la configuration d’une cession américaine. Hussain, (pas de nom de famille pour le protéger) dans un premier temps partisan du PKK d’Abdullah Ocalan, et qui entretient toujours des liens avec le parti satellite syrien de ce dernier, le PYD actuellement premier parti kurde du Rojava, confiait la crainte d’un accord conclu entre la Turquie, la Russie et même les États-Unis, à l’encontre du PYD. Proche des partis d’oppositions kurdes comme le YEKETI ou le PDK-s, cet essayiste s’est exilé depuis peu en Europe, inquiété par le Régime à la suite d’analyses éditoriales sur les négociations de l’été entre le gouvernement syrien et les kurdes.

UNE ENTENTE AVEC LE REGIME ?

Pour sortir de l’impasse, faudrait-t-il que les kurdes se tournent vers le gouvernement syrien ? D’abord, les territoires des kurdes syriens, qui connaissent le statut d’autonomie de fait depuis 2012 ne sont pas reconnus comme « Etat », ou comme zones indépendantes au vu du Droit international et du Régime. Même si des éléments juridiques constitutifs découlant, telle la reconnaissance à l’international de liens diplomatiques avec des pays de la coalition, sont remplis. Par exemple, une représentation française existe au Rojava, sans être divulguée. Ensuite, la communauté internationale est restée souvent absente de toutes actions ou sanctions (OTAN) en faveur des kurdes. Et mène plutôt une politique « tartuffe » : Trump exultant qu’attaquer les kurdes syriens, alliés, serait comme attaquer les Etats-Unis. Pour finalement battre en retraite. Doivent-ils attendre un soutien des autres membres de la coalition ? Alors que des disfonctionnements se sont opérés. Comme la France qui a laissé aux mains des kurdes, qui n’a pas d’institution étatique judiciaire reconnue, le jugement et l’incarcération des djihadistes nationaux. Or, une mise en insécurité des kurdes pouvant être victime d’attaque de Daech cherchant à récupérer les détenus, le non-respect du droit à un procès équitable devant une instance reconnue des prisonniers, et le risque de dérives comme l’échange de ces derniers peuvent en résulter. Ou bien est-ce que les kurdes doivent penser à une entente avec Bachar Al Assad ? Avec l’éminence d’une attaque turque, les kurdes ont fait appel à une assistance des forces gouvernementales armées syriennes, qui ont par la suite pris position avec les Russes aux lisières de Manbij (3) qui après Afrin est un nouveau territoire stratégique lorgné par les turcs. Pour un haut dirigeant Kurde, de Qamishli, capitale du Rojava, le futur de la Fédération de la Syrie du nord (Rojava), se tractera en lien avec Bachar Al Assad. Quels sont les rapports entretenus avec le Régime ? Entre désunions et tentatives de dialogues, les interactions et intérêts des parties sont complexes. Côté bras armé du PYD, les YPG alliés depuis 2015 aux arabes formant les FDS, la relation avec le régime, serait de l’ordre du « chantage ». Le ton est donné par la porte-parole Nesrin Abdullah de la branche militarisée des femmes de la Fédération, les YPJ, lorsque la question des négociations mises en œuvre cet été avec le régime est avancée. Celle qui a représenté le Rojava lors d’un déplacement à L’Elysée fin mars cite l’exemple de la perte d’Afrin, un des trois cantons du Rojava, en mars dernier, lors de ladite opération Rameau d’olivier turque. Des contacts avec le régime auraient eu lieu. Comme en témoigne Nesrin Abdullah : la zone kurde n’étant pas reconnue par le Régime et la communauté internationale comme un Etat indépendant, elle est naturellement incluse et indissociable du territoire syrien. Ainsi, le Régime serait intervenu pleinement seulement si les kurdes rendaient Afrin, d’où la sensation de marchandage. Finalement, des brigades non officielles ont tout de même été envoyées. Selon cette dernière, des corps auraient été retrouvés après une attaque aérienne, mais nullement réclamés par Damas.

DES TERRITOIRES DISPUTES

La défaite et la perte d’Afrin étaient préalablement inscrites selon le bras armé du PYD qui affirme que les Russes et la Turquie avaient déjà formulé un accord entre eux. En outre, Damas n’avait aucun pouvoir face aux Russes. Pour les kurdes, ces pays proches du régime ont tenté de s’implanter au Rojava, vainement. Mais pour combien de temps ? La décision américaine pouvant amorcer le phénomène. Les mésintelligences rappellent les dissensions entre le parti démocratique kurde irakien et le gouvernement irakien, avec la question des territoires contestés au moment des récupérations territoriales après l’évincement de Daech. Pour la représentante du bras armé des femmes les velléités de Damas de récupérer Raqqa, Tabqa, Deir-el-Zor, anciennement sous leur gouvernance vont se matérialiser de jour en jour, et font l’objet d’une volonté unilatérale de négociation. Or, pour les kurdes, la libération de ces territoires n’équivaut pas à une colonisation mais à un contrôle légitime souhaité par la population qui refuse le retour du Régime. Raqqa est un des emblèmes des discordes entre les deux parties, et de l’abandon humanitaire des occidentaux alors en pleine dynamique de reconstruction, avec un risque durant l’hiver d’une deuxième crise humanitaire via l’éboulement des seules habitations encore sur pied. Des destructions causées principalement par les frappes aériennes de la coalition. La ville libérée il y a un an par les forces démocratiques syriennes de la Fédération connait, d’après Nesrin Abdullah, des escarmouches à vocation déstabilisatrices fomentées par des pro régimes et souvent imputées aux cellules dormantes de Daech qui elles agissent quotidiennement. La question est plus profonde. La semaine de la libération a débuté par un meeting du Parti syrien de l’avenir sous l’assistance de la nouvelle Maire Kurde, dans le tristement célèbre stadium qui enferme en mémoire les sévices innommables des prisonniers de Daech. Des enfants brandissant un drapeau du parti syrien de l’avenir aux similitudes troublantes avec celui du PYD, suivent la manifestation où sont scandés des « Apo », surnom d’Abdullah Ocalan, leader du PKK emprisonné depuis vingt-an sur l’île turque d’Imrali. L’ancienne capitale de Daech en majorité arabe est un exemple de ville disputée. Comme prise en étau, Le Régime souhaite la recouvrer alors qu’en concomitance, ce parti politique lancé en février dernier, se voulant inclusif, devient un étendard hégémonique politique dénoncé par une partie des habitants. Il serait pour eux tenu officieusement par le PYD Kurde, par le biais de Zohat Kobani, sous la houlette du PKK. A Raqqa la population est inquiète (4). Quelle compromission de sortie de crise est possible ? Une activiste témoigne des différentes vagues de répression concrétisée par des disparitions familiales, sous Bachar, puis sous Daech. Actuellement la coercition viendrait des FDS. Son activisme la menace, et sa confiance est annihilée. Elle ne peut ni se référer au Régime, ni aux kurdes. Pourtant seuls protagonistes. Le 14 février 2019 elle est violemment agressée à son domicile par trois hommes masqués. Elle accusera les FDS. Pour le géopolitologue Gerard Chaliand : « les Kurdes savent qu’ils n’ont rien à faire à Raqqa, surtout vis-à-vis de leurs rapports compliqués avec les arabes de la région. Mais ils conservent Raqqa comme monnaie d’échange avec le Régime qui souhaite reprendre la ville. ». Dans ces zones reconquises, les kurdes syriens se préparent à la transmutation en guérilla du groupe terroriste après l’arrêt de sa territorialisation au levant. Cela a déjà commencé en Irak, à l’instar de la province de Ninive en Irak. Dans les zones de Raqqa ou d’Hassake, de régulières attaques suicides ont lieu. Le Hier 5 mars, trois adolescents qui fomentaient un attentat à Raqqa ont été arrêtés selon Nesrin Abdallah. Pour cette chef de guerre, le futur doit passer par l’éducation. Et elle déclare qu’entre la persistance des cellules dormantes de Daech, le fait que kurdes ont la gestion des prisonniers internationaux : les occidentaux ne peuvent pas s’écarter dans cet imbroglio.

DES NEGOCIATIONS AVORTEES

Les négociations officielles pour la reconnaissance de la Fédération avec le gouvernement syrien ont finalement avorté en septembre. Certes éconduits, les Kurdes pouvaient un temps se reposer sur l’annonce du prolongement transitoire de l’attache américaine dans la zone. Or l’instance est rompue. Ilham Ahmed, co présidente du Conseil démocratique syrien qui conduisait les négociations modère au nouveau centre politique de Ain Issa (région de Raqqa) son point de vue par rapport à celui de la porte-parole de la branche armée des femmes. Pour ce haut cadre politique du Rojava, la stratégie à adopter est l’inclusion et la reconnaissance de la Fédération au sein d’une nouvelle Constitution syrienne permettant une protection contre les belligérants turcs. Une aspiration à une nouvelle constitution syrienne basée sur un fédéralisme applicable à la région pré existante et qui pourrait s’étendre à toute la Syrie. Les kurdes craignent que La situation à Afrin, qui peut être considérée à l’aune du Droit international comme une occupation au regard des conventions de La Haye et Genève (5), s’étende. Au départ des négociations estivales, une part de la population était prête début juillet, à accueillir le régime sous le modèle de Qamishli, capitale de la Fédération, où une enclave est sous le contrôle du gouvernement syrien, ainsi que l’aéroport. Une présence pour haut responsable du Rojava, « symbolique, accordée pour ne pas diviser la Syrie ». A Kobane, les portraits d’Ocalan, chef du PKK dont émane le PYD, parti majoritaire du Rojava, se faisaient plus rares. Des bâtiments administratifs étaient prêts à être mis à disposition, et des allocutions ne se menaient plus en kurde, mais en arabe, explicitant « que l’ennemi était la Turquie non Bachar ». L’atmosphère a changé radicalement après l’échec des négociations. Qamishli a durant l’autonome été le théâtre d’un incident belliqueux entre les forces kurdes et celle du Régime, faisant une dizaine de morts. En outre, le régime a gelé en octobre les salaires de plus de 500 fonctionnaires qui refusaient de faire un second service militaire dans la zone de Qamishli. Une stratégie de mainmise du régime pour Nesrin Abdullah. Pour Ilham Ahmad, si la tentative de dialogue n’a pas abouti, c’est que le régime souhaite un pouvoir concentré de façon dictatoriale, refusant un fonctionnement démocratique basé sur le fédéralisme, au Rojava, et pour toute la Syrie.

QUID DES DERNIERS ECHANGES

Ravisé après l’échec cuisant des négociations, Le Conseil Démocratique Syrien cherche actuellement une reconnaissance des cantons, alors que le Ministre des affaires étrangères syrien Walid al-Moalled, a réclamé mi-octobre l’arrêt du projet de la région auto-administrée du Rojava. Déclarant, que le gouvernement s’affairera après Idlib, et sans l’aide des turcs considérés comme occupants, d’étendre la souveraineté à l’Est de l’Euphrate. Finalement, après le glas de l’annonce américaine les kurdes les ont brigués pour contrer les possibles tentatives de possession turque. L’avancée des forces syriennes après cette sollicitude serait-elle une stratégie d’asseoir à nouveau son autorité sur les territoires contrôlés par les kurdes ? Pour comprendre l’avenir d’hypothétiques nouvelles tractations, il faut se pencher sur les raisons de L’ouverture des négociations précédentes. Un autre responsable politique du Rojava, Aldhar Khalil déclare que ces négociations avaient eu lieu car le régime souhaitait séduire les occidentaux, sous forme de propagande ; Ou alors tel un jeu politique car le régime savait que pour négocier avec l’opposition syrienne il fallait faire des concessions pour trouver une solution pour la Syrie. Et des conditions auraient été données pour qu’ils puissent dialoguer avec ces derniers, comme celles de négocier avec les kurdes. Ou bien Bachar Al Assad sentant un affaiblissement a voulu faire accepter plus aux kurdes, analyse Aldhar Khalil, qui avait proposé le soutien des FDS à l’armée gouvernementale à Idlib, une des dernières parcelles djihadistes. Si des négociations s’instaurent à nouveau, avec un redoublement d’affaiblissement provenant de l’abandon d’un des plus imposants alliés, qu’est-ce qu’il va être proposé aux kurdes ? Et sans l’appui des américains que vont-ils devoir accepter en guise de survie a minima ?

VERS DE NOUVEAUX POURPARLERS ?

Lors des dernières négociations, nuls pourparlers auraient eu lieu avec l’Iran ou les Russes, les pièces maitresses. Quand Ilham Ahmed feint de ne pas connaître qui se « cache derrière les décisions du régime » ; Aldhar Khalil, haut responsable politique de la zone autonome, relève que Pour ces deux pays hégémoniques les kurdes sont considérés comme des ennemis, car apparentés aux Etats-Unis. Pour ce dernier, C’est en partie pour cela que Les Russes ont donné Afrin à La Turquie. Et maintenant que l’allié américain se retire ? Que va advenir le Rojava, qui n’est qu’un épiphénomène comparé à la Turquie dans l’échiquier syrien. Les relations passéistes sont évolutives, et les attaches se font et se défont. Dans le passé le PKK a entretenu des relations avec l’Iran, et Abdullah Ocalan est resté un temps sous la protection de Hafez Al-Assad. Ensuite, au moment de la rébellion des groupes d’opposition les kurdes se sont rangés auprès des troupes gouvernementales (6). La geopolitique de la zone est mouvante et ne peut être prédite. La donne va encore changer avec la recomposition qui va se produire suivant le retrait même progressif des américains. Sans compter que le spectre de Daech est encore réel. Les discordes entre le régime et les kurdes sont avérées, mais il ne faut pas imaginer que les relations sont éteintes. Salim Muslim, éminent dirigeant de la Fédération a déclaré le 21 janvier 2019 que la porte était ouverte au dialogue avec Bachar Al-Assad, si le statut du Rojava n’involuait pas pour revenir à celui antérieur à 2011. Des accords et des ententes implicites existent. Sur le plan économique ou pétrolier Aldhar Khalil dément toutes interactions avec le régime, « en dehors de certains commerces ». Or une source locale, met en exergue une entente tacite sur le pétrole produit au Rojava dont une quotité serait rachetée par le Régime qui travaille en sus aujourd’hui à la reconstruction du Barrage de Tabqa, à la suite d’un accord. Puis cette figure de proue du Rojava, concède que sans le gouvernement syrien, la Fédération n’arrivera pas à l’aboutissement du projet de « révolution ».

– Ines Daif est également l’auteure du dessin d’illustration.

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